Vous est-il déjà arrivé de terminer un livre, de le déposer et de regarder dans le vide, en réfléchissant à ce que vous veniez de lire et en vous disant que vous aviez été transformé par votre lecture? C’est un sentiment qui arrive rarement, mais vraiment merveilleux à vivre.

C’est ce qui m’est arrivé en lisant The Omnivore’s Dilemma de Michael Pollan, un ouvrage très bien argumenté portant sur le système alimentaire américain. Il a d’ailleurs gagné de nombreux prix et il fait même partie des 100 livres à lire dans sa vie selon Amazon.

Des chercheurs américains ont décidé d’évaluer si la lecture de ce chef d’œuvre (pas biaisé du tout le gars!) était suffisante pour modifier les valeurs et les comportements alimentaires des lecteurs et si ces changements duraient dans le temps.

Dans le cadre d’un cours universitaire, un peu plus de la moitié des 594 étudiants inscrits ont lu The Omnivore’s Dilemma alors que les autres en étaient dispensés. Tous les étudiants devaient ensuite répondre à des questions portant sur des sujets abordés dans le livre. Un an plus tard, les chercheurs ont fait passer à nouveau ce questionnaire aux mêmes étudiants.

Lors de la première année, les étudiants qui avaient lu le livre avaient une attitude significativement différente des autres par rapport au système alimentaire. Parmi ces attitudes, on retrouvait, par exemple, « je suis réticent à manger de la viande », « je désire acheter et manger des aliments biologiques » ou encore « je désire acheter et manger des aliments locaux ».

Un an plus tard, cette différence s’était estompée entre les deux groupes. Toutefois, ceux qui avaient lu le livre la première année étaient encore davantage opposés aux subventions gouvernementales pour la culture du maïs (sujet controversé abordé dans le livre) et étaient plus susceptibles de répondre que la qualité des aliments produits aux États-Unis était en déclin.

C’est donc dire que la lecture de The Omnivore’s Dilemma a modifié l’attitude des lecteurs  sur le système alimentaire américain, mais pas à long terme. La mémoire étant une faculté qui oublie, on peut facilement comprendre que les apprentissages se soient dissipés avec le temps.

Tout de même, il s’agit d’une des premières preuves de l’importance que peut avoir un ouvrage sur l’alimentation des gens. Je me demande si c’est la même chose avec ce blogue… 😉

Hormes J.M., Rozin P., Green M.C. et Fincher K. Reading a book can change your mind, but only some changes last for a year: food attitude changes in readers of The Omnivore’s Dilemma. Frontiers in Psychology 2013;4(778):1-8


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