Qui d’entre nous, en 2015, mange des aliments sauvages? À part certaines exceptions, comme la tête de violon ou la morille, peu d’aliments sauvages se trouvent dans l’assiette des Nord-Américains. Selon Jo Robinson, auteure du livre Eating on the wild side, il s’agit de l’une des raisons pour lesquelles notre santé se porte si mal.

De sauvages à domptés

À la base, les aliments que nous consommons proviennent d’une espèce sauvage qui a été élevée, sélectionnée, croisée, sélectionnée à nouveau, etc., pendant des centaines ou même des milliers d’années. Ces sélections avaient pour but d’augmenter le rendement, d’améliorer le goût et, plus récemment, de permettre aux végétaux de supporter les contraintes de l’industrie agroalimentaire.

Saviez-vous que l’avocat sauvage est plus petit qu’un œuf de poule, mais qu’il contient un noyau de taille semblable à celui que l’on retrouve au supermarché? Pas étonnant alors que les populations d’Amérique centrale aient cherché à développer un fruit contenant plus de chair pendant plus de 8000 ans.

Dans la même veine, il faudrait manger 450 tomates sauvages pour équivaloir à une tomate cœur de bœuf.

Cependant, ces modifications pour améliorer certaines caractéristiques des fruits et des légumes d’aujourd’hui se seraient effectuées au détriment d’autres, telle que la valeur nutritive…

Plus de sucre, moins de nutriments

Afin d’obtenir des produits savoureux, les agriculteurs ont sélectionné des fruits et des légumes toujours plus gros, plus sucrés et moins amers. Résultat? Les fruits et les légumes d’aujourd’hui contiennent généralement plus d’eau et de sucre que leur version sauvage, mais moins de nutriments. Par exemple, la tomate sauvage contiendrait, à poids égal, 40 fois plus de lycopène, un antioxydant, que la tomate de supermarché.

De son côté, la pomme de Sikkim, une espèce sauvage originaire du Népal dont découlent plusieurs variétés retrouvée dans nos supermarchés, contiendrait 100 fois plus de nutriments que les pommes d’aujourd’hui. Cette prémisse vous rappelle-t-elle quelque chose?

Une vision réductrice de l’alimentation

Pour justifier son point, Jo Robinson se base sur deux concepts de nutrition.

Le premier est l’indice glycémique. On pense que les aliments ayant un indice glycémique élevé ont un impact négatif sur la santé, surtout lorsqu’ils sont consommés en grande quantité. Les végétaux d’aujourd’hui contiendraient plus de sucre que leur version ancestrale et auraient un impact plus important sur les variations de sucre dans notre sang. Ils auraient donc un indice glycémique plus élevé.

Le second est la teneur en antioxydants. On croit que les antioxydants ont un impact positif sur la santé. On aurait donc tout intérêt à se tourner vers des aliments riches en ces molécules. Les végétaux d’aujourd’hui seraient plus pauvres en antioxydant que leur version ancestrale.

Il est peu probable qu’on se mette collectivement à manger à nouveau des aliments sauvages. Elle propose ainsi des variétés de fruits et de légumes qu’on retrouve au supermarché ou dans les marchés publics et qui se rapprochent le plus de la valeur nutritive des variétés sauvages, c’est-à-dire, à l’indice glycémique plus faible et à la teneur en antioxydants plus élevée.

Or, je le dis, le redis et le répète encore : les aliments sont plus que la somme de leurs nutriments. C’est la variété de l’alimentation qui est le meilleur gage de santé et retirer des fruits et des légumes, simplement parce qu’ils contiennent moins d’un certain nutriment, est une mauvaise idée. Il est prouvé que les gens qui mangent le plus de fruits et de légumes sont en meilleure santé. Et ces gens ne mangent pas que des aliments sauvages!

À la fin du livre, on ressort presque avec l’impression que manger une pomme « ordinaire » sera nocif pour notre santé, or, ce n’est pas le cas. Ce genre de discours peut si facilement faire glisser quelqu’un vers des tendances orthorexiques.

Du bon tout de même

Malgré tout, le livre permet d’en apprendre une tonne sur l’histoire absolument fascinante des aliments que nous consommons aujourd’hui. L’auteure présente également beaucoup de variétés de fruits et de légumes que nous ne connaissons pas, mais qui se trouvent parfois dans les marchés publics ou que l’on peut cultiver soi-même. Intégrer ces découvertes à notre alimentation ne peut avoir que du positif, tant qu’on n’exclut pas les autres végétaux que nous affectionnons déjà.

Pour vous le procurer, c’est par ici : Eating on the wild side


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