Quand l’Université de Montréal a décidé de prêter une partie du chantier de son nouveau Complexe des sciences à des projets éphémères, elle ne s’imaginait peut-être pas le lieu magique qu’elle allait créer. Bienvenue au campus MIL. C’est dans cette oasis verte, entourée de rocaille, de métal et de béton, que je rencontre Laura Charpentier, directrice générale de la coopérative de solidarité Miel Montréal.
Le déclin des abeilles
C’est au début de 2011 que l’idée d’un organisme voué à la sauvegarde des abeilles a germé dans la tête d’étudiants des quatre plus grosses universités de l’île. À l’époque, on commençait à parler du déclin des abeilles. « Les médias ont pris un malin plaisir à amplifier ça », affirme Mme Charpentier. « En fait, c’est la santé des abeilles qui est dramatiquement mauvaise. Les abeilles ne déclinent pas en nombre, parce que [produire du miel], c’est une activité contrôlée par l’homme. Elles sont donc reproduites artificiellement et plus rapidement. Mais elles meurent deux à trois fois plus vite qu’auparavant », poursuit-elle.
Plusieurs causes ont été avancées pour tenter d’expliquer ce phénomène qui affecte les abeilles et conséquemment touche de nombreux apiculteurs un peu partout dans le monde. Plusieurs experts pointent du doigt l’utilisation des néonicotinoïdes, une famille de pesticides utilisés en agriculture conventionnelle. On croit également que notre tendance à la monoculture y joue un rôle. Après tout, dans ces champs où on ne cultive qu’une espèce de plante, toutes les fleurs apparaissent (et disparaissent) au même moment. Les travailleuses ailées n’ont accès à de la nourriture que pendant une courte période alors qu’elles en ont besoin toute la saison!
L’abeille à miel n’est pas la seule pour qui les temps sont durs. « On a vraiment mis le focus sur les abeilles à miel, mais ce sont tous les pollinisateurs qui sont touchés. Si elle va mal, les autres abeilles, comme les bourdons, certains papillons et certaines guêpes, sont aussi en danger », m’explique l’apicultrice. Mais, selon elle, cette espèce représente tout de même une bonne ambassadrice pour sensibiliser les citoyens à cette problématique environnementale et aider, par la bande, les autres pollinisateurs.
Plus de ruches, moins d’abeilles?
En parallèle à ce phénomène, l’apiculture urbaine a connu un engouement sans précédent à Montréal. Mais sauver les pollinisateurs doit-il vraiment passer par l’installation de nouvelles ruches? Non, pas nécessairement.
« En 2011, il y avait moins de 50 ruches à Montréal. En 2017, on était à plus de 650 dans la ville, donc c’est une croissance très rapide. On sait que ça peut nuire à la santé des abeilles déjà sur place en provoquant une compétition intra et inter-espèce », me raconte la directrice de l’organisme.
En effet, il y aurait plus de 190 espèces d’abeilles à Montréal. Selon Mme Charpentier, la grande majorité sont plus fragiles que les abeilles à miel, parce qu’elles sont solitaires ou spécialisées pour butiner une seule plante. Par exemple, il y a l’abeille des courges, que j’avais observée avec Marc Sardi au Champ des possibles l’année précédente. Elle ne vit que dans les fleurs de courges.
Alors si les abeilles à miel sont déjà passées dans la fleur, on peut se demander s’il restera des ressources pour les autres pollinisateurs. Mme Charpentier cite l’exemple de Londres, où la ville est arrivée à saturation et a dû retirer des ruches, car les abeilles y mouraient de faim. « On sait qu’il faut environ un hectare de fleurs par ruche. Est-ce qu’il y a 650 hectares de fleurs à Montréal? On ne sait pas. Même dans le milieu professionnel, cette question divise », m’explique-t-elle.
C’est pour cette raison que l’organisme a décidé de privilégier le principe de précaution en limitant ses activités à la gestion d’une quarantaine de ruches et en évitant d’en implanter dans les quartiers déjà saturés tels que le Centre-Ville ou le Plateau Mont-Royal. Miel Montréal favorise les projets publics et ceux accessibles aux citoyens, l’idée étant de sensibiliser davantage de personnes, sans multiplier les ruches.
Entrer dans l’intimité des butineuses
Un peu plus loin, deux apiculteurs présentent un modèle expérimental aux étudiants qui participent au rucher-école. De son côté, Mme Charpentier me propose d’ouvrir une ruche afin de voir de plus près le travail des butineuses. Pendant que l’apicultrice se prépare, tout autour de nous, les abeilles font l’aller-retour entre le champ multicolore et leur ruche. Je tente de ne pas m’imposer dans cette autoroute aérienne bourdonnante.
Tant bien que mal – les feuilles étaient humides – elle enflamme des végétaux et les place dans l’enfumoir. Cet outil sert à faire entrer les abeilles dans la ruche. Car, quand elles sentent la fumée, elles croient qu’il y a un feu de forêt. Elles cherchent donc à protéger la reine et descendent dans le bas de la ruche. De plus, comme les abeilles se « parlent » à l’aide des odeurs, la fumée brouille la communication et les empêche d’envoyer un signal de danger quand on ouvre leur maison. Elles sont alors plus douces.
Calmement, elle en profite pour parsemer son discours de fun facts sur les abeilles. Parmi ceux qui ont capté mon attention, elle m’apprend que le miel contient toujours un taux d’humidité de 17,2 %, taux que contrôlent les travailleuses ailées. Je retiens également que chaque abeille se spécialise dans un type de fleurs, toute sa vie, et dépose son pollen toujours dans la même alvéole. Ainsi, chacune des alcôves prend une couleur différente, selon les provisions que l’abeille y dépose. Et si les conditions sont idéales, une ruche peut produire de 10 kg à 40 kg de miel par saison!
« On essaie de faire prendre conscience aux gens que c’est beau l’apiculture, que c’est une superbe activité, mais que ce sont des animaux vivants et domestiqués. Ça prend de la nourriture et de l’eau. Et la nourriture des abeilles ce sont les fleurs. Donc on ne peut pas avoir une ville qui n’est pas verte et avoir des milliers de ruches », me dit l’apicultrice.
Juste avant de quitter le lieu, à la tombée du soleil, on aperçoit un lapin qui sautille entre les rangs du potager. Et je me fais la remarque que cette pépinière de projets, en plein cœur de la ville, fait certainement partie de la solution pour une ville, voire un monde plus vert.
***
Si vous souhaitez en savoir plus, l’organisme offre des formations, théoriques et pratiques, aux apiculteurs amateurs qui désirent apprendre à s’occuper d’abeilles et comprendre les causes du déclin de l’abeille. Ils enseignent également à établir des prairies mellifères pour nourrir les pollinisateurs d’ici ou à créer des habitats favorables, comme des hôtels à insectes. Miel Montréal offre aussi des ateliers et des kiosques de sensibilisations pour tout public.
J’aimerais achter Les »Semences pour pollinisateurs. Parquet de 4??
Asclepiade, monster fistuleuse, aghast ache fen pill et heliopause faux-helianthe. Ou peux-je Les acheter???
Bonjour,
Il sont disponible sur mon site ici : https://nutritionnisteurbain.ca/boutique/livret-de-semences-indigenes-abeilles-et-pollinisateurs/
Bonne journée,