
Êtes-vous tannés que les études en nutrition se contredisent tout le temps? Vous savez de quoi je parle. Un jour on dit qu’un verre de vin aide le cœur, le lendemain, qu’il endommage le foie, le surlendemain que ses antioxydants sont bons pour les yeux… Alors au final? Est-ce que je le bois ou non ce verre de vin?
Avouez qu’on ne sait plus où donner de la tête. Je n’ai malheureusement pas la réponse à toutes les questions en alimentation et en nutrition, mais je peux au moins vous éclairer sur une chose : je sais pourquoi la nutrition est devenue source d’incertitude pour tous.
1) Les médias publient les études trop rapidement
Avant, quand une étude était publiée, peu de gens finissaient par entendre parler des résultats. Il s’agissait majoritairement d’universitaires qui travaillaient dans le domaine spécifique.
Maintenant, les résultats d’une étude peuvent faire la première page des magazines et des journaux à peine quelques jours après leur publication. D’un côté, tant mieux si les gens ont accès à davantage d’informations. Et si les médias publient aussi rapidement, c’est que les gens sont intéressés. Cependant, même si la plupart des études sont intéressantes pour faire avancer la science et sont utiles pour les gens qui travaillent dans le domaine, elles ne sont pas utiles pour le grand public. Une étude n’est pas suffisante pour changer des comportements en nutrition!
Comprenez-moi bien : mon but n’est pas de cacher des informations à la population. Cependant, même moi qui ai fait 6 ans d’études universitaires en nutrition, je dois encore m’asseoir, lire et analyser les études avant de pouvoir me prononcer. C’est un processus très ardu et la population, en général, n’est pas bien outillée pour effectuer ce travail. Et honnêtement, avez-vous vraiment envie de le faire?
2) Tout le monde se croit expert
« L’autre jour, ils ont dit que… » Combien de fois est-ce que j’ai entendu ce début de phrase avant de me faire sortir un mythe en alimentation. Ma réponse est toujours la même : « Qui ça, ILS? ». D’où proviennent vos informations?
Il y a tellement de gens qui parlent de nutrition et d’alimentation maintenant. Avec internet, tout le monde peut propager des messages à une grande masse de gens. Évidemment, quand n’importe qui se met à partager de l’information, on arrive très rapidement à des contradictions assez flagrantes. Pensez simplement à deux courants alimentaires qui sont très présents actuellement : véganisme et paléo. Un des courants incite à éliminer tous les aliments d’origines animales, l’autre base son alimentation sur la viande…
Qui croire? Pas facile! Trop d’informations = confusion.
3) L’industrie veut mettre son grain de sel
Il ne faut pas se le cacher, une partie des études en nutrition sont financées par l’industrie agro-alimentaire. Tant mieux si des chercheurs sont capables de poursuivre leurs recherches grâce à de l’argent qui provient du privé. Ce sera d’ailleurs une réalité de plus en plus présente avec les nombreuses coupes dans les subventions de recherche de la part du gouvernement.
Cependant, il a été démontré à plusieurs reprises que les études qui étaient financées par l’industrie avaient plus fréquemment des conclusions favorables à l’industrie qui finançait l’étude. Est-ce que ces études sont fausses? Non! Mais les protocoles de recherche peuvent être choisis à l’avance pour avoir un résultat favorable ou la compagnie qui finance l’étude peut décider de ne pas publier les résultats s’ils vont à l’encontre de son produit. Est-ce que c’est le cas de toutes les études financées? Non.
L’industrie veut vendre ses produits. Ajouter de la confusion dans les résultats d’études et dans les messages véhiculés à la population fait partie de ses tactiques. Ils sont donc en partie responsables de cette confusion.
Ok… Alors je fais quoi?
Fiez-vous aux experts. Les professionnels de la santé, comme les nutritionnistes, ont des formations pour étudier et analyser la science. Ceci étant dit, les nutritionnistes ne représentent pas la seule source d’information crédible en nutrition, mais restez attentifs aux gens qui arrivent à montrer les deux côtés de la médaille. Quand quelqu’un vous dit : vous devez absolument manger ÇA ou absolument éviter ÇA, restez loin!
Restez critiques. Peu importe d’où provient votre information – même de moi! – restez critiques. Questionnez-vous. Allez chercher de l’information ailleurs.
Ne sautez sur aucune mode. Aucune mode n’est là pour rester. Si je me fie aux 10 dernières années, aucun des « produits miracles » mis sur le marché ne se sont prouvés réellement efficaces et aucune « diète populaire » n’a réussi à contrer l’épidémie d’obésité. Je vous fais le pari que ce sera la même chose dans les 10 prochaines et probablement plus…
Dans mon monde idéal, tout le monde suivrait ces 10 conseils pour bien manger et personne ne se soucierait des dernières découvertes parce qu’on serait déjà tous en bien meilleure santé.
Je me tire peut-être dans le pied en vous disant d’arrêter de toujours suivre les dernières découvertes. Mon travail, dans la vie, c’est de vulgariser l’actualité en nutrition… Pour être bien franc, ça ne me dérange pas trop si vous finissez par moins vous en soucier, parce que mon objectif, au final, c’est d’avoir une société moins stressée et plus en santé.
Bes-Rastrollo M., Schulze M.B., Ruiz-Canela M. et Martinez-Gonzalez M.A. Financial conflicts of interest and reporting bias regarding the association between sugar-sweetened beverages and weight gain: a systematic review of systematic reviews. PLoS Med 2013;10(12):e1001578
Lesser L.I., Ebbeling C.B., Goozner M. et coll. Relationship between funding source and conclusion among nutrition-related scientific articles. PLoS Med 2007;4(1):e5
Massougbodji J., Le Bodo Y., Fratu R. et De Wals P. Reviews examining sugar-sweetened beverages and body weight: correlates of their quality and conclusions. Am J Clin Nutr 2014;99(5):1096-1104
Nagler N.H. Adverse Outcomes Associated With Media Exposure to Contradictory Nutrition Messages. Journal of Health Communication, 2014; 19 (1): 24
À la phrase : « Fiez-vous aux experts. » Je dis de rester sur nos garde car un nombre de professionnels de la santé sont vendus soit aux compagnies pharmaceutiques ou bien à l’industrie agro-alimentaire et deviennent des marionnettes pour promouvoir de faux messages sur la santé, la nutrition. Et je dis bravo effectivement à la phrase : « Restez critiques » . Cela est très important pour éviter de tomber dans le panneau de certains escrocs. L’un ne va pas sans l’autre.
Il faut toujours rester critique. Ceci étant dit, les professionnels de la santé comme les nutritionnistes font partie d’un Ordre Professionnel dont la responsabilité est de protéger le public. Si des nutritionnistes se mettaient à répandre des messages qui ont seulement comme intérêt l’industrie agro-alimentaire, ils ne pourraient pas le faire bien longtemps…
J’adore ….. étant moi-même entraîneur ( je rêve d’étudier en nutrition mais trop contingenté hélas ) , le nombre de personnes avec qui je travaillais et que j’encadrais pour un entraînement m’en sortaient des vertes et des pas mûrs ….. ishhhhhhhhhhhhhhh ……… les médias en beurre épais sans compter l’accès à PUB MED ( dont beaucoup s’improvisent experts après deux minutes de lecture d’un site qui ne devrait déjà pas être accessible ) et les naturopathes qui foutent le bordel avec leurs croyances absurdes ( gluten , cancer , jeûn , etc … ) sans même avoir fait quoi que ce soit en science et encore moins avoir mis les pieds dans un laboratoire . Merci de faire le point , je filtre bien ta vulgarisation . Bon succès
Merci!
Concernant le 1er point, voir : http://www.bmj.com/content/349/bmj.g7015
Merci pour le lien!
Je te rejoins sur tous les points! Pour le premier point, c’est aussi la theorie de G.Bonner, sociologue qui parle des mythes et croyances (j’ai un article sur mon blog à ce propos) et qui explique très bien ça!
Et le deuxieme je suis tout à fait d’accord aussi… ou alors les « oui mais je l’ai lu alors c’est que c’est vrai »… hum… non!
A+
Karine