Dans le cadre d’une conférence de presse organisée à l’Expo Manger Santé de Montréal, une coalition d’experts a demandé hier au gouvernement du Québec de se pencher sur la santé de la population. Selon eux, si le taux d’obésité est en hausse depuis si longtemps, c’est notamment parce que les gens sont trop facilement manipulables par l’industrie agroalimentaire. Les experts réclament donc l’introduction de cours de nutrition au primaire et au secondaire. Ils affirment que les gens éduqués en nutrition font de meilleurs choix alimentaires, ce qui permettrait au gouvernement d’économiser sur les soins de santé puisque plusieurs maladies chroniques sont associées à l’obésité.

Pour être bien franc avec vous, je ne suis pas certain que cette approche soit la meilleure. En fait, cela dépend vraiment de la forme sous laquelle ces cours seront donnés. Comprenez-moi bien : la santé passe nécessairement par une saine alimentation. Je ne serais pas nutritionniste si je n’étais pas convaincu de cette réalité. Par contre, les études sont assez claires : le comportement alimentaire des jeunes n’est pas influencé par la santé ou la nutrition. Apprendre à un jeune qu’une pomme c’est bon pour la santé, ça lui passe 10 pieds au-dessus de la tête! Et c’est correct comme ça!

Tout le monde le sait que manger des fruits et des légumes, c’est bon pour la santé. Pourtant, une grande proportion des gens n’en consomment pas suffisamment. Nous sommes dans une ère où les gens recherchent constamment à en apprendre plus sur les nouveaux antioxydants, les vitamines, les suppléments… Parallèlement à ce phénomène, le taux d’obésité continue d’augmenter. Les connaissances ne sont pas suffisantes pour changer le comportement.

Variété alimentaire et aptitudes en cuisine

Il y a certainement beaucoup à faire pour amener les jeunes à mieux manger. Selon moi, le nerf de la guerre se situe à deux niveaux. Il faut, dans un premier temps, faire découvrir les aliments puis outiller les jeunes pour qu’ils sachent comment les cuisiner.

Les enfants du primaire devraient avoir accès à des cours sur la découverte des aliments. On les ferait toucher, sentir, goûter de nouveaux aliments. Pourquoi ne pas faire des recherches sur l’histoire des aliments? Faire pousser des légumes ou des fines herbes? Faire germer des graines de chia ou produire des champignons? C’est avec ce genre d’expériences que les enfants apprivoisent les aliments, pas en leur disant qu’un poivron contient 100% de la vitamine C dont ils ont besoin!

Pour les jeunes du secondaire, il est temps de préparer leur départ de la maison, même s’il se fait véritablement 8 ans plus tard. Les jeunes qui arrivent en appartement se trouvent fréquemment démunis. Ils ne savent pas cuisiner, ne savent pas gérer un budget alimentaire, ne savent pas comment planifier une épicerie ou conserver les aliments de la bonne façon. Ce sont des trucs pratiques, des aptitudes, qu’il faudrait absolument leur inculquer. C’est de cette façon qu’on arrivera à les rendre moins dépendants de l’industrie alimentaire.

Ceci étant dit, je suis absolument d’accord que l’alimentation doit prendre une place plus importante au sein du parcours scolaire des jeunes Québécois. Si le comité consultatif venait à être mis en place, j’espère que ses membres feront la bonne décision de développer un programme qui pourra outiller les jeunes pour la vie de tous les jours.

Êtes-vous d’accord avec moi? Pour ou contre les cours de nutrition au primaire et au secondaire?

Story, M., D. Neumark-Sztainer and S. French (2002). « Individual and Environmental Influences on Adolescent Eating Behaviors. » Journal of the American Dietetic Association 102(3): S40-S51.


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