
La lecture du titre de cet article est suffisante pour vous faire frémir? Pourtant, manger les animaux qui ont été frappés par des voitures (roadkill) n’est peut-être pas une idée aussi farfelue qu’on pourrait le croire. C’est un article récemment publié dans la revue Modern Farmer qui m’a amené à me questionner à ce sujet.
Chassés par… une auto!
Chaque année, au Québec, 6000 accidents impliquant la grande faune québécoise sont rapportés. On parle ici d’animaux qui sont déjà chassés légalement : orignaux et cerfs de Virginie (chevreuils). En fait, plus de 80% des accidents se produisent avec le cerf de Virginie.
Selon un calcul très scientifique tenant compte du poids moyen des orignaux et des cerfs de Virginie et du nombre d’accidents rapportés, le poids total approximatif des bêtes frappées serait de 875 000 kg. Ceci ne tient pas compte de toute la petite faune qui est également victime d’accidents : lièvres, perdrix, canard, etc. Une quantité de viande quand même non-négligeable!
Plusieurs se réjouissent présentement de la décision du Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) de rendre légale la vente de viande chassée. La viande d’animaux tués par des automobiles n’est-elle pas la même que celle tuée par un fusil?
Une pratique illégale au Québec
Contrairement à plusieurs états américains et à l’Ontario, le Québec interdit de manger la viande d’animaux frappés par des voitures. Malgré tout, certains s’adonnent quand même à cette pratique et il est permis de croire qu’elle est plus répandue dans les milieux ruraux qu’urbains. Aucune donnée n’est disponible pour documenter la pratique au Québec. Toutefois, certains facteurs favorisent le phénomène : on trouve plus de gens sachant dépecer des animaux dans les milieux ruraux, la grande faune y est plus fréquente et il y a moins de risque que les carcasses soient frappées par plusieurs voitures, ce qui protège la qualité de la viande.
Malgré tout, deux enjeux important amènent à questionner la pratique.
D’abord, si l’animal est mort depuis longtemps, la prolifération bactérienne peut être importante et rendre la viande toxique. Des animaux tués pendant l’hiver confèrent probablement moins de risques à ce sujet.
Il est également important de s’assurer que les entrailles de l’animal ne se soient pas abimées sous l’impact, ce qui contaminerait la viande et la rendrait impropre à la consommation. De même, les parties meurtries ne doivent pas être consommées, ce qui est plus fréquent lorsque l’animal est frappé par un véhicule.
Viande végétalienne?
Si ces conditions de salubrité sont respectées, n’est-il pas plus éthique de consommer cette viande comestible plutôt que de la laisser pourrir sur le bord des routes ou dans les dépotoirs? D’ailleurs, il est à se demander si cette viande ne pourrait pas aussi être consommée la conscience tranquille par des végétariens ou des végétaliens, puisque les animaux sont morts accidentellement. Pour ce genre de question, je me suis tourné vers la spécialiste québécoise de l’éthique alimentaire, Élise Desaulniers.
« Si on s’en tient au point de vue strictement éthique et qu’on refuse de consommer des produits d’origine animale pour ne pas causer de souffrance non-nécessaire, manger des animaux morts frappés par des voitures ne devrait pas poser de problème pour un végan », affirme l’auteure du livre Je mange avec ma tête : les conséquences de nos choix alimentaires.
Les roadkills urbains
Dans les milieux urbains, comme à Montréal, ce sont les animaux de compagnie, les écureuils, les ratons-laveurs et les moufettes qui sont le plus souvent victimes d’accidents. Comme le souligne Élise Desaulniers à propos du dilemme éthique que je lui ai proposé : « Le tout reste purement théorique. Je ne connais pas de végan qui salive à l’idée de manger une marmotte aplatie. »
Effectivement, végan ou non, je ne suis pas convaincu qu’on trouverait preneur de cette « manne » urbaine! Et c’est peut-être tant mieux comme ça…
Ta trop écouté de Workaholics
« Si on s’en tient au point de vue strictement éthique et qu’on refuse de consommer des produits d’origine animale pour ne pas causer de souffrance non-nécessaire, manger des animaux morts frappés par des voitures ne devrait pas poser de problème pour un végan »
Ouf… non, je ne crois vraiment pas!
Je sais pas pour vous, mais je mangerais ben plus un chevreuil frapper par un char que des amourette de boeuf tuer en élevage!
Je veux devenir végane mais je ne le suis pas encore, je le fais graduellement car ce n’est pas facile d’abandonner tous les produits d’origine animale d’un coup. J’aime le goût de la viande mais je ne veux pas encourager cette industrie. Personnellement je n’aurais pas de problème à manger un animal qui a été victime d’un accident de la route.