Le gouvernement canadien a décidé de modifier l’étiquetage des aliments. On savait que ça s’en venait depuis quelques années déjà. J’avais d’ailleurs déjà parlé des modifications proposées il y a un peu plus de deux ans sur ce blogue. D’ici 2021 (yeah…), vous verrez donc apparaître graduellement cette nouvelle façon d’afficher la valeur nutritive ainsi que les ingrédients contenus dans les aliments.

Disons-le d’emblée, il n’y a rien de très révolutionnaire dans ce qui est proposé, mais il y a quand même quelques trucs intéressants et quelques déceptions. Voici donc quelques modifications qui ont retenu mon attention.

CALORIES

Parce que l’obsession sur les calories n’est pas encore assez répandue au goût de notre gouvernement, on mettra un accent supplémentaire sur ce chiffre en grossissant la typo et en la soulignant à gros trait ! On veut juste être certain que vous voyiez bien combien de calories sont contenues dans l’aliment que vous vous apprêtez à acheter.

Lorsqu’on est confronté au nombre de calories dans les aliments, on a tendance à en manger moins. Donc, dans l’optique où le gouvernement tente de combattre l’embonpoint et l’obésité, ça semble marcher. Le problème, c’est que les gens sont déjà obsédés par les calories alors que ce n’est qu’UNE donnée et qu’elle n’est pas si importante que ça. Le « calories in, calories out », en 2016, c’est un concept qui commence à être dépassé. On sait, par exemple, que le degré de transformation de certains aliments influence la quantité de calories réellement ingérées par le corps.

En accentuant cette donnée, j’ai l’impression que les gens ne continueront qu’à se fier à ce chiffre, ce qui risque d’être plus trompeur qu’autre chose. En comparant, par exemple, des croustilles et des noix, on pourrait croire que les croustilles sont un meilleur choix parce qu’elles sont moins caloriques. On s’entend que ce n’est pas du tout le cas.

Sucres ajoutés ? C’est quoi ça ?

Dans la première proposition qui avait été dévoilée, en 2014, on suggérait de séparer les sucres en deux catégories, soit les sucres totaux et les sucres ajoutés. C’était probablement la modification dont je me réjouissais le plus. On sait que les sucres ajoutés par l’industrie, ainsi que les sucres libres comme dans le jus de fruits, sont généralement ceux qui ont l’impact le plus néfaste sur la santé. Même si d’un point de vue chimique, du sucre, c’est du sucre, ce sont tout de même ces derniers dont la surconsommation semble être associée à différents problèmes de santé comme le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Pour cette raison, de nombreux organismes ont émis des recommandations sur la quantité maximale de sucres ajoutés ou de sucres libres qui devraient être consommés dans une journée.

Les produits qui contiennent le plus de sucres ajoutés sont généralement moins intéressants d’un point de vue nutritionnel. Donc, j’applaudissais cet affichage clair de la quantité de sucres ajoutés, ce qui aurait permis de faire un choix plus éclairé. Je n’ai rien à faire du sucre naturel contenu dans un sac de tranches de pommes, mais j’aimerais bien savoir combien de sucre vient réellement des fruits dans mon yogourt aux fraises.

Malheureusement, cette proposition a été écartée. Pourquoi ? Aucune idée, mais l’industrie doit s’en réjouir. Ainsi, plutôt que de se pencher sur les sucres ajoutés, on parlera seulement des sucres totaux. Qu’ils viennent de fruits ou de sucre blanc, on les présentera comme un pourcentage de la quantité qu’on devrait consommer dans une journée.

Sucres ! Rassemblez-vous !

De l’autre côté, on facilitera le repérage des sucres ajoutés dans la liste des ingrédients. Comme vous le savez peut-être, les ingrédients de la liste sont présentés en ordre d’importance. Donc, on a mis beaucoup du premier ingrédient dans le produit et peu du dernier ingrédient, généralement. Auparavant, on retrouvait les sucres sous différentes appellations. Donc, si je mettais du sucre blanc, de la mélasse, de la cassonade et du sirop d’érable, je pouvais les intégrer au fur et à mesure, dans ma liste, selon la quantité contenue dans le produit.

Maintenant, le fabricant devra rassembler tous les sucres ensemble. Ainsi, dans plusieurs produits, on risque donc de retrouver les sucres au début de la liste puisqu’on devra additionner les quantités pour démontrer réellement la place qu’ils occupent dans le produit. Pour ça, je dis bravo !

Goodbye vitamines C et A !

Le scorbut, c’est pas mal rare dans notre société. Pour cette raison, la vitamine C sera retirée du tableau de la valeur nutritive. Même chose pour la vitamine A.

Par contre, on verra apparaître notre ami le potassium. Un minéral que plusieurs d’entre nous ne consomment pas suffisamment. Le potassium est contenu en grande quantité dans les fruits et les légumes. On croit qu’il peut jouer un rôle favorable sur la santé du cœur.

Encore une fois, par contre, il faudra faire attention aux stratégies employées par l’industrie pour nous faire croire que leurs produits sont meilleurs parce qu’ils sont riches en potassium. Les pommes de terre sont très riches en ce nutriment. Je suis persuadé que les compagnies de croustilles se réjouiront de pouvoir écrire qu’un sac contient 100 % du potassium nécessaire dans une journée.

L’étiquetage des aliments

J’ai déjà écrit sur le tableau de la valeur nutritive par le passé. Je ne suis personnellement pas le plus grand des fans. Après tout, les fruits et les légumes n’ont pas d’étiquette pour se vanter de leurs bienfaits, et ce sont pourtant eux qui nous en procurent le plus.

Finalement, à bien y penser, si on veut réellement poser un geste positif pour notre santé, peut-être faudrait-il plutôt éviter les aliments portant ce nouvel étiquetage…


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