
Cette semaine, j’ai été invité par les hauts dirigeants de McDonald’s à aller les rencontrer pour discuter de leur menu. Il s’agissait d’un groupe de discussion dans le but, probablement, de nous présenter leurs bons coups nutritionnels et de connaître notre avis par rapport à leur offre. Je ne saurai jamais ce qui aura été dit puisque j’ai décliné l’offre.
Je ne vous en aurais pas parlé si l’information n’avait pas fuité dans le blogue santé de La Presse tenu par Sophie Allard et Valérie Simard. Mme Allard met en doute les motivations avancées par la multinationale et insinue qu’il s’agirait d’une opération de séduction envers les nutritionnistes québécois(es).
Les nutritionnistes, au Québec, occupent différents emplois. On les trouve dans les hôpitaux, les centres d’hébergement, les universités, les groupes de recherche, au gouvernement… Bref, un peu partout, nous travaillons à améliorer l’offre et les comportements alimentaires. Dans l’industrie agroalimentaire, plusieurs compagnies font confiance à l’expertise des nutritionnistes dans le but d’offrir des produits qui sont plus nutritifs que ceux de leurs concurrents. Vous me direz que c’est dans le but de séduire les consommateurs qui se préoccupent de leur santé. Peut-être. Mais l’important c’est que peu à peu, l’offre alimentaire s’améliore.
Malheureusement, on voit encore beaucoup de réticence au sein de la profession à s’associer à l’industrie. Pourquoi? Tout simplement parce que lorsqu’on apprend qu’un ou une nutritionniste travaille auprès de l’industrie, au lieu de l’applaudir, on la critique.
« On le sait bien qu’elle va dire ça, elle est payée par XXXXXXX »
Effectivement, j’aurais un malaise si la nutritionniste en question nous invitait à aller manger plus souvent au St-Hubert, manger plus de gâteaux Vachon ou de chips Lays. Mais dans le cas qui nous concerne, est-ce qu’on vous encourage à aller chez McDonald’s? Non!
Nous sommes régis par un ordre professionnel. Nous devons donc toujours nous fier aux données scientifiques les plus récentes lorsque nous émettons des recommandations. Si vous voyez Isabelle Huot sur les pains de St-Méthode, c’est parce que ces pains sont vraiment intéressants d’un point de vue nutritionnel.
Dans un monde idéal, tout le monde cuisinerait chez soi avec des aliments de base à tous les repas. Ce monde idéal n’existe pas et n’existera jamais. Les Québécois se fient de plus en plus souvent sur l’industrie pour manger, ce que je déplore, mais cela veut donc dire qu’il est important d’améliorer l’offre alimentaire.
D’un côté on voit d’un œil négatif l’aide que peuvent apporter les nutritionnistes aux industries agroalimentaires et de l’autre, on déplore que l’offre alimentaire actuelle soit aussi grasse, salée et sucrée… Malheureusement, ce n’est pas avec ce genre de « polémique » qui entoure cette invitation de la part de McDonald’s que les choses vont changer.
C’est fou comment on dit « Ce monde idéal n’existera jamais »
Alors qu’il faudrait plutôt dire « Ce monde idéal n’existera jamais plus »
Parce qu’il a existé, quand l’un des parents avait les moyens de rester a la maison (le plus souvent la femme). J’ai grandit avec seulement du fait maison… enfin, sauf les pâtes, mais les pâtes sèches de l’épicerie du coin étaient généralement très peu transformé.
Mais voila, tout coute trop cher maintenant et on ne peut plus se permettre d’être mère au foyer. En fait, même si on pouvait se le permettre, la société nous regarderait d’un mauvais oeil.
Vous avez tout à fait raison. C’est dommage que nous ayons perdu en partie cette « tradition ». Merci du commentaire.
Tout à fait d’accord avec toi Bernard sur le fait que les nutritionnistes ont un rôle à jouer dans l’industrie alimentaire pour bonifier l’offre. Toutefois, la situation décrite dans le blogue santé de Madame Allard est à mon sens bien différente. Ce n’est pas ce travail de service conseil qu’elle questionne, mais le fait qu’un géant de la restauration qui a déjà pleinement accès à ces ressources professionnelles déplace la haute direction de son siège social à Montréal, en plus du directeur local et d’une nutritionniste-conseil, pour casser la croûte avec les nutritionnistes et discuter dans un cadre chaleureux et dit transparent. Quand McDonald’s a fait ça ailleurs aux États-Unis, ça se concluait avec des beaux discours pour dire à quel point les nutritionnistes leur ont dit être satisfaites du menu et de ses grands efforts pour offrir des « options santé ». C’est cette pratique-là qui est douteuse. Est-ce McDonald’s a vraiment besoin d’un groupe de nutritionnistes de plus pour trouver les améliorations potentielles à son menu actuel? J’en doute moi aussi.
C’est un point très intéressant. Je ne savais pas que ce type de rencontre était une pratique habituelle pour eux! Merci du commentaire.
Cet article semble contredire votre publication du 2 mars 2017 dans son propos général.
Oui! Vous avez raison. Ma pensée a beaucoup évolué en 3 ans! Je pensais l’effacer, mais je me suis dit que c’est ça la vie. Changer d’opinion, c’est signe d’une évolution. 🙂