Les gras trans ont fait couler beaucoup d’encre au début des années 2000 et avec raison. Ces gras ont un effet néfaste sur la santé cardiovasculaire qui fait consensus au sein de la communauté scientifique. En plus, à l’exception des produits laitiers, ces gras se retrouvent principalement dans des aliments ultra-transformés et peu nutritifs, ce qui n’aide certainement pas leur cause.

Pour être franc avec vous, je pensais que les gras trans étaient chose du passé. De 2000 à 2007 environ, les gras trans étaient sur toutes les lèvres. La tonne d’études qui se penchaient sur leur cas ne faisait que renforcer petit à petit l’envie de tout le monde de les éliminer totalement de l’alimentation. Le gouvernement fédéral avait d’ailleurs établi à l’époque un groupe de travail dans le but d’évaluer comment et à quel point les gras trans devaient être bannis.

La décision a été annoncée le 20 juin 2007 par le ministre de la Santé : l’industrie agroalimentaire et les restaurateurs étaient fortement invités à limiter la quantité de gras trans contenue dans les aliments. Même si cette approche était « volontaire », il était clair à l’époque que si les cibles n’étaient pas atteintes en 2 ans, donc en 2009, Santé Canada imposerait la réduction via une réglementation. L’industrie a vivement réagi et a compris qu’elle devait s’ajuster. En avril 2008, le Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC) publiait d’ailleurs un guide pour accompagner ses membres dans le processus de réduction des gras trans.

J’ai  d’ailleurs un souvenir assez frappant d’une de mes profs à l’université en 2007 qui nous disait qu’elle pourrait probablement un jour cesser de parler des gras trans dans ses cours grâce à la réglementation fédérale qui devait inévitablement arriver.

Et maintenant?

Comme je vous disais, j’étais certain que les gras trans étaient un problème du passé. Après cette annonce d’une réglementation, tout le monde est passé à autre chose (moi inclus) et ce sont les antioxydants, le quinoa, le kale, le gluten et maintenant le sucre qui ont successivement attiré l’attention des médias.

Mais voilà, selon un rapport gouvernemental datant de 2010 que mon informatrice (qui préférait rester anonyme) a obtenu par le biais de la Loi sur l’accès à l’information, même si environ 75% des aliments semblent respecter la limite et que l’apport en gras trans de la population a diminué, l’apport en gras trans des Canadiens est encore supérieur à ce que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande, soit 1% de l’apport énergétique total. Toujours selon le rapport, les enfants de 1 à 8 ans consommeraient proportionnellement plus de gras trans que les adultes.

Bref, les gras trans industriels sont encore là, malgré leur inutilité et leur nocivité. Même si Santé Canada possède ces informations depuis 2010 et même si l’organisme gouvernemental avait avancé qu’il imposerait la réduction par le biais d’une réglementation si les cibles n’étaient pas atteintes, aucune réglementation n’a été mise en place pour limiter les gras trans dans les aliments vendus aux Canadiens.

Qu’est-ce qu’on peut y faire?

Selon le rapport de 2010, les principales sources de gras trans dans l’alimentation des Canadiens sont les margarines, le shortening et les pâtisseries. Puisque les restaurants n’ont pas l’obligation d’afficher le contenu en gras trans des mets qu’ils vendent (contrairement aux aliments vendus en épicerie qui doivent obligatoirement l’afficher), plusieurs grandes chaînes vendent encore des aliments qui contiennent beaucoup de gras trans. Vous savez donc quoi faire si vous voulez les éviter!

Mise à jour 13 avril 2017 : Santé Canada a publié un projet de règlement dans lequel on propose de bannir l’utilisation des huiles partiellement hydrogénées qui sont la principale source de gras trans industriels dans l’alimentation des Canadiens. L’organisme en est venu à la conclusion que le fait de ne pas avoir instauré de réglementation et de s’être fié à l’industrie pour faire le travail de réduction des gras trans n’a pas permis de les réduire suffisamment. Si la réglementation passe, on laissera à l’industrie un an pour s’adapter à ces changements.


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