La semaine dernière, un projet de loi fédérale qui proposait d’exiger l’étiquetage des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les aliments a été soumis au vote, mais les députés ont majoritairement décidé d’écarter la proposition du néo-démocrate Pierre-Luc Dusseault. Les Canadiens ne disposeront donc pas de cette information dans un avenir rapproché.

Il n’y a clairement pas de consensus par rapport aux bénéfices et aux risques attribués aux OGM et ceux-ci soulèvent des questions éthiques qui divisent. De toute façon, il est impossible de tous les mettre dans le même panier. Il faut considérer chaque organisme, que ce soit une plante ou un animal, de façon indépendante puisqu’ils présentent des caractéristiques diverses. Bref, quelqu’un qui dirait que tous les OGM sont dangereux aurait autant tort que quelqu’un qui dirait qu’ils sont tous sécuritaires, autant d’un point de vue de la santé humaine que de celle de l’environnement. Cela étant dit, tous les OGM commercialisés ici sont considérés par Santé Canada comme étant sécuritaires.

Étiquetage des OGM : les consommateurs veulent l’information

Malgré tout, il semble incohérent qu’un gouvernement qui mise sur la transparence ait décidé de rejeter un projet de loi qui aurait permis aux consommateurs d’être mieux informés sur ce qu’ils achètent. En 2016, Santé Canada avait d’ailleurs sondé des Canadiens par rapport à ce sujet et près de 4 répondants sur 5 (78 %) se disaient en faveur de l’étiquetage obligatoire des OGM. Dans le monde, 64 pays exigent cette information sur l’étiquette des aliments.

En attendant un changement de cap à Ottawa ou une proposition du gouvernement du Québec, je vous donne ici quelques trucs, bien qu’imparfaits, pour savoir si les aliments que vous consommez contiennent ou pas des ingrédients issus d’organismes génétiquement modifiés.

Détecter les OGM sans test d’ADN

Premièrement, il faut savoir que 13 plantes et un animal génétiquement modifiés sont acceptés pour la commercialisation au Canada. Pour différentes raisons, ils ne se trouvent toutefois pas nécessairement dans notre assiette. La grande majorité des OGM nourrissent les animaux d’élevage ou se retrouvent dans nos aliments transformés, sous forme d’ingrédients.

Une étude publiée en 2009 estimait que seulement 3 % du panier d’épicerie des Québécois était constitué d’aliments dérivés d’OGM. Or, cela comprenait toutes les catégories de produits comme les fruits, les légumes, la viande, le poisson, les légumineuses, les céréales, etc. Il n’existait que peu ou pas d’OGM commercialisés pour la plupart de ces catégories de produits au moment où cette étude a été effectuée.

1 — Lisez la liste d’ingrédients des aliments transformés

Dans la même étude, les chercheurs ont trouvé des traces d’OGM dans plus de la moitié des aliments transformés testés. La majorité du maïs-grain, du canola et du soya cultivés au Québec sont génétiquement modifiés. Ces aliments sont fréquemment utilisés par l’industrie comme ingrédients de produits transformés. Ainsi, lorsque vous achetez des aliments transformés contenant du maïs, du soya ou du canola, il y a de fortes chances pour que ceux-ci soient issus d’OGM.

2 — Recherchez le logo « Non-GMO project »

Le Non-GMO project a comme objectif d’offrir l’information aux consommateurs désirant acheter des aliments qui ne sont pas issus d’OGM. Ainsi, si vous voyez le logo « Non-GMO project » ou la mention « Sans OGM », cela signifie que le produit n’en contient pas. C’est certain qu’il faut se fier à l’entreprise, d’autant plus qu’il n’y a pas de réglementation. Par contre, il reste qu’une fois que la compagnie décide de donner l’information, elle se doit d’être véridique puisqu’il est interdit de tromper les consommateurs.

3 — Optez pour la certification biologique

La seule certification réglementée par le gouvernement qui permet réellement d’être renseigné sur les OGM est la certification biologique. L’agriculture biologique interdit l’utilisation d’OGM. Pour utiliser les termes « biologique » ou « bio », le produit doit contenir au moins 95 % d’ingrédients biologiques. Entre 70 % et 95 %, la compagnie doit inscrire le pourcentage d’ingrédients issus de ce mode d’agriculture sur l’étiquette.

Un mot sur la petite étiquette des fruits et légumes

Je vois souvent passer sur internet des articles qui disent de se fier aux petites étiquettes apposées sur les fruits et légumes frais pour déterminer s’ils sont génétiquement modifiés ou pas. Ces étiquettes affichent le code PLU (Price Look Up). Ce nombre possède 4 chiffres lorsque les aliments sont cultivés de façon conventionnelle. Historiquement, quand ils en comptent 5, c’est qu’ils sont issus d’agriculture biologique (débutent par le chiffre 9) ou qu’ils sont génétiquement modifiés (débutent par le chiffre 8). Toutefois, en 2015, l’International Federation of Produce Standards, qui s’occupe de ces codes, a décidé de réattribuer le chiffre 8 aux produits issus d’agriculture conventionnelle. Bref, on ne peut pas se fier aux étiquettes pour nous renseigner. De toute façon, les aliments frais génétiquement modifiés sont relativement rares. Par exemple, en ce moment, ceux qui sont le plus susceptibles de se retrouver sur les étals sont le maïs sucré et une pomme, même s’ils semblent encore absents de l’offre.

Bérubé, S. (2016, 30 septembre) Les Canadiens veulent l’étiquetage des aliments OGM. http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201609/30/01-5025987-les-canadiens-veulent-letiquetage-des-aliments-ogm.php

Bérubé, S. (2017, 18 mai) Ottawa dit non à l’étiquetage des OGM. La Presse. http://plus.lapresse.ca/screens/803e1b15-4bd5-4da7-949e-143e0b6ba0b0%7CPVu0Y0CZ2Qjx.html

Gobeil F. (2009) Incidence des OGM dans les aliments du Québec. (M.Sc., Université Laval, Québec) www.theses.ulaval.ca/2009/26227/26227.pdf

Gouvernement du Québec. OGM. Source d’information sur les organismes génétiquement modifiés. http://www.ogm.gouv.qc.ca/

Non GMO Project. Non-GMO Project Verified is North America’s most trusted seal for GMO avoidance. https://www.nongmoproject.org/

Parlement du Canada. Projet de loi C-291. Loi modifiant la Loi sur les aliments et drogues (aliment génétiquement modifiés) http://www.parl.ca/DocumentViewer/fr/42-1/projet-loi/C-291/premiere-lecture (Page consultée le 22 mai 2017)

Radio-Canada. (2016, 14 juin) Le NPD réclame l’étiquetage obligatoire des aliments contenant des OGM. http://beta.radio-canada.ca/nouvelle/787364/npd-etiquetage-aliments-ogm

Vigilance OGM. Réseau québécois d’information, sensibilisation et mobilisation sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) et les pesticides. http://www.vigilanceogm.org/


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