Cette année, 60 jeunes de 18 à 30 ans habitant dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal ont participé à un projet créatif pour les faire réfléchir à leur rapport à l’alimentation et à la ville. Le projet Hochelaga’table, initié par Alternatives, en collaboration avec le Centre Turbine, a notamment pour mission de développer une charte alimentaire des jeunes d’Hochelaga qui sera présentée aux élus.

Les méthodes utilisées pour collecter les données étaient très créatives. La semaine dernière, ces données brutes ont été présentées lors d’une exposition. Au menu : photographies, cartographie des lieux principaux où les jeunes s’approvisionnent en aliments, extraits d’entrevues, menus typiques d’une journée et propositions pour de nouveaux lieux alimentaires « idéaux ».

Parmi tous ces éléments, j’ai particulièrement été frappé par une série de photographies. Les organisateurs ont remis de l’argent aux jeunes afin qu’ils aillent acheter les ingrédients de leur recette préférée/qu’ils aiment préparer. Je vous présente ici 10 photos d’ingrédients. On se reparle après.

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Déserts alimentaires : une réalité urbaine

À deux ou trois exceptions près, on est loin des recommandations en matière de « saine alimentation », n’est-ce pas?

Débutons la réflexion par une statistique : en 2011, il était estimé que 35 000 résidents de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve vivaient dans un désert alimentaire. Un désert alimentaire, c’est un lieu où les gens souffrent de barrières physiques et économiques pour accéder à une nourriture saine. Par exemple, parce qu’il ne serait pas rentable pour les supermarchés de s’installer dans un quartier, ils ne s’installent pas. Et ce sont les dépanneurs et les restaurants fast-food qui prennent la relève. De même, si le quartier est mal desservi par le transport en commun, l’accès aux supermarchés devient encore plus difficile.

Dans le cadre du projet, on leur a demandé de compléter la phrase suivante : « J’aimerais bien manger, mais… » Les réponses sont assez claires : « je manque d’argent », « je manque de motivation », « je manque de temps », « je ne sais pas cuisiner », « je n’ai pas accès à une épicerie proche », « je mange souvent de la restauration-rapide parce que c’est plus facile »…

Des messages/solutions élitistes?

Si j’ai décidé de vous présenter ces données, c’est que l’exposition m’a beaucoup fait réfléchir.  En tant que nutritionniste, je suis appelé à commenter des études en nutrition, les dernières tendances, parler d’aliments à intégrer. Quinoa, poisson, kale… On s’entend que ce ne sont pas les aliments les moins dispendieux ou les plus faciles à trouver pour ces 35 000 personnes vivant dans des déserts alimentaires.

Mon but n’est pas d’essayer de vous tirer une larme ni de tomber dans le misérabilisme. Au contraire! Le but du projet était de donner le pouvoir à ces jeunes de parler de leurs besoins et même de trouver des solutions (que vous pouvez voir sur le site web du projet Hochelaga’table). C’est justement ce que la charte alimentaire remise aux élus tentera de faire.

La réalité de ces jeunes est tellement loin de la mienne et probablement encore plus loin de celles de bien des élus municipaux qui tentent de trouver des solutions. J’espère qu’ils écouteront attentivement ce que ces jeunes ont à dire, car leurs propos sont d’une richesse inestimable.

Hochelaga’table. http://hochelagatable.com/

Dario, E. (2011) Les déserts alimentaires : enquête sur trois arrondissements montréalais. http://www.vrm.ca/documents/Releve9_Enriquez.pdf


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